Beaucoup de lieux à l'Hermitage sont très symboliques:
LE PARC
Grand, boisé, varié, fleuri, accueillant, non clôturé, est un terrain d'aventures et donne
un sentiment d'espace et de liberté ; on peut y trouver des coins paisibles, reposants, des terrains
de jeux aménagés, etc.
Pour certains, la tentation est fréquente d'aller au delà, de "sortir des limites":
c'est donc un apprentissage fort de l'autodiscipline; l'équipe d'animation doit
accompagner cet apprentissage, d'une part par la surveillance permanente de ces limites
(un animateur tourne en permanence sur ces limites : c'est la "jument grise" selon les
époques). D'autre part par la surveillance toute particulière des enfants ou ados les plus
susceptibles d'être tentés par ces escapades, et enfin (et peut-être surtout) par une animation
variée et de qualité qui ne donne pas envie d'aller voir ailleurs. (bien entendu, la sanction en cas de
sortie du parc doit être sévère ; en général, le renvoi temporaire de l'enfant… puisqu'il se trouve
mieux ailleurs!)
LE CHÂTEAU
L'accès au château est réglementé : certaines salles, à certaines heures, si on a fait la preuve – ou
pris l'engagement – de respecter les lieux, de ne pas arracher le tapis du billard, de ne pas crier…
(être "châtelain", c'est savoir se tenir !). Ce lieu garde une part de mystère qui fait rêver…
C'est aussi là que sont exposées quelques unes des plus belles œuvres des enfants, créées dans les
ateliers.
Dans un salon, aussi (exceptionnellement), un lieu d'apaisement pour l'enfant violent et surexcité,
qui se calmera dans la solitude du lieu sans être coupé de la vie extérieure (par les fenêtres, on
voit les copains dans le parc).
LE JARDIN, LES MASSIFS
Pour le contact avec la nature, le plaisir de planter et de voir pousser, de
voir fleurir ; c'est de la beauté que chaque enfant créée et offre aux autres.
Ce sont des lieux où l'enfant qui vit "dans le béton et la violence" est confronté à la fragilité : un
geste trop brusque, et la tige est cassée ; un oubli d'arrosage, et la plante se dessèche. Cet
apprentissage de la fragilité, de l'attention aux choses fragiles, de la maîtrise des gestes (on ne
court pas dans le jardin, on ne joue pas au ballon près des massifs, etc.), aide l'enfant à découvrir
sa propre fragilité, sa propre sensibilité, et donc à découvrir et respecter aussi celles des autres
personnes avec qui il vit.
La culture des fleurs conduit à l'apprentissage de la diversité, de la richesse de la nature, à la
découverte d'espèces rares ou fragiles ; c'est aussi une ouverture au monde du travail, à
l'apprentissage des techniques de culture, en s'adaptant aux caractéristiques et aux besoins
spécifiques de chaque espèce.
Les balcons, les escaliers, l'intérieur des bâtiments sont fleuris, pour la couleur, la beauté, la
gaieté…
En fin de vacances, sur demande de l'enfant, une petite plante (qui grandit vite : coleus) lui sera
remise avec des conseils d'entretien : un petit coin d'Hermitage qui ira décorer son logement
pendant quelques mois.
LA CUISINE DU CHÂTEAU
Tous les jours, un tirage au sort parmi ceux qui en font la demande permet
de "manger au château" avec le directeur, les permanents et les invités : tablée familiale, plus
calme que le repas en section, où l'humour, les jeux, l'écoute, donnent envie de revenir. (le "tirage
au sort" est compliqué, il se fait en fin de matinée et des règles permettent que chaque enfant qui
le souhaite pourra, au cours de son séjour, manger une ou plusieurs fois au château ; les places
autour de la table sont elles aussi tirées au sort, et les volontaires se disputent pour faire le
service (!).
La "salle de silence" et la bibliothèque
La "salle de silence" est un lieu qui a été voulu beau ; il est à l'étage, un peu à l'abri du monde et du
bruit, il a sans aucun doute une dimension "spirituelle".
C'est un lieu où le silence se construit et s'offre aux autres personnes présentes, un lieu de paix,
souvent fréquenté par des enfants très turbulents qui y trouvent … ce dont ils ont le plus besoin
sans avoir jamais su l'exprimer !
Il n'y a pas de meuble dans la salle de silence, pour ne pas briser son harmonie, sa beauté
dépouillée.
La bibliothèque sert d'antichambre, de sas de décompression pour calmer les agitations avant
d'affronter l'exercice difficile d'un temps sans parole ni bruit, désiré mais pas toujours facile à
respecter.
La salle de silence est assez rarement ouverte pendant les vacances ; elle ne fonctionne bien que
quand il y a une sérénité suffisante des enfants à l'extérieur, quand l'autodiscipline est
globalement acquise dans la vie quotidienne.
Les perturbateurs sont tout de suite sortis de la salle, de même que ceux qui, par leur agitation,
manifestent qu'ils sont arrivés aux limites de leurs capacités à être calmes.
Si le calme n'est plus là, la salle est fermée, éventuellement pour plusieurs jours ; ce n'est qu'à ce
prix qu'elle peut toujours s'appeler "salle de silence".
On a besoin d'un bon signé par deux personnes pour entrer dans la salle de silence (ce qui permet
de confirmer le désir très fort d'aller dans ce lieu, et la motivation pour en respecter les règles) ;
les enfants n'y entrent jamais tous en même temps, les entrées sont décalées de quelques
minutes, afin que le calme revienne après l'agitation créée par une nouvelle arrivée.
On enlève ses chaussures pour ne pas rayer le parquet, on prend une couverture pour s'asseoir ou
s'allonger ; on peut y lire, ne rien faire, dormir.
Il y a en permanence un adulte dans la bibliothèque, un autre dans la salle de silence ; c'est
nécessaire pour assurer le respect des règles. Dans la bibliothèque, on peut lire, se faire lire une
histoire par un adulte, jouer à des jeux très calmes (échecs, …)
L'ATELIER
C'est là que des vocations d'artistes ou de professions manuelles sont nées !
Souvent lieu-refuge pour ceux qui ont du mal à se socialiser par le jeu mais qui n'aiment pas être
seuls.
L'atelier a pour objectif d'aider les enfants à persévérer et à se surpasser, pour qu'ils prennent
conscience de leurs capacités (surtout lorsqu'ils sont en échec scolaire ou d'un naturel très
impatient).
Les œuvres d'art créées sont prises en photo avec leur auteur ; la règle est de créer deux belles
œuvres, et de laisser la plus belle pour le musée de l'Hermitage (en fin de compte, c'est l'enfant
qui choisit laquelle il emporte chez lui et laquelle il laisse).
C'est un honneur d'avoir son œuvre exposée au musée, cela permet de valoriser l'enfant devant
ses copains, surtout lorsqu'il est souvent méprisé ou peu considéré.
L'œuvre emportée chez lui le valorisera dans sa famille ; ses parents seront fiers de lui, et cela
donne confiance !